By Cheikh Kandé En droit, les audiences publiques sont ouvertes à tous les citoyens qui voudraient y assister. Or, des citoyens, a fortiori membres de la famille des prévenus, peinent à venir assister au procès de l’Imam Nao et Cie.
Fixé dans un premier temps au 14 février, puis renvoyé au 14 mars 2018 – faute d’avoir cité dans l’ordonnance de renvoi deux des trente-deux prévenus – voilà que le procès d’Imam Alioune Badara Ndao et Cie est encore renvoyé au 9 avril 2018. Les parents, amis et sympathisants qui voudraient assister à l’audience, rencontrent d’innombrables difficultés pour accéder au tribunal.
Pire, des forces de l’ordre arrêtent les bus qui les transportent de Kaolack, juste à Thiaroye ou, au mieux, au rond-point de la Rts et demandent aux passagers de rebrousser chemin ou de descendre pour rejoindre le Palais de Justice à pied ! Pourquoi essayer d’intimider des citoyens qui ne font qu’exercer leurs droits les plus élémentaires ?
Les audiences du procès d’imam Alioune Badara Ndao et Cie enregistrent des records d’affluence, en dépit des renvois successifs et des tracasseries policières inexplicables. Il est vrai qu’il est rare, dans l’histoire judiciaire du pays, de voir un procès où sont impliqués quelque 32 prévenus.
La salle n°4 du tribunal n’arrive pas à contenir toute la foule qui voudrait assister aux audiences. C’est ainsi qu’après avoir atteint les limites de ses capacités, on ferme la salle et le reste de la troupe fait le pied de grue, guettant la moindre occasion pour se trouver une place dans l’enceinte de ladite salle.
On note, néanmoins, une discipline rigoureuse, tant au niveau de ceux qui sont dans la salle, qu’à celui de ceux qui sont dehors et qui attendent la fin de l’audience pour s’enquérir de la situation à chaud.
Comparé aux procès des politiciens, notamment ceux de Karim Wade et de Khalifa Sall, le procès d’Imam Alioune Ndao et Cie est plutôt calme. Personne n’a été renvoyé de l’audience pour indiscipline ou trouble à l’audience.
Cela est dû certainement au fait que cette dernière assistance est composée, pour la plupart, d’islamistes sérieux et rigoureux, rompus à la discipline de groupe. Cette différence fondamentale de comportements entre politiciens et islamistes, explique-t-elle les moult tracasseries policières auxquelles le public du procès d’imam Alioune Badara Ndao et Cie est soumis ? Certains disent qu’on cherche délibérément à les provoquer pour les pousser à commettre des gaffes, qui pourraient justifier l’interdiction des audiences publiques !
En tout état de cause, j’estime que les organisations des droits de l’homme et de la société civile devraient se lever pour dénoncer vigoureusement ces comportements et agissements anti démocratiques, pratiqués sur d’innocent citoyens qui aspirent à jouir de tous leurs droits. Nous osons, en tout cas, espérer que de tels exactions et actes d’intimidation ne se répéteront plus lors de l’audience du 9 avril 2018 et des autres audiences à venir.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien ministre
Membre du Comité Exécutif du Grand Parti
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