Avancée de la mer : Les habitants du littoral crient leur désarroi
1 janvier 1970 by Logitrans0News
By El Bachir Mbacké Ndiaye SENENEWS.COM- Depuis ce phénomène naturel, plusieurs centaines de personnes sont sans abris parce que abandonnées à eux-mêmes après avoir vu leurs habitations détruites par une mer déchainée dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 août 2015.
« La météo l’avait prédit, la mer était très agitée ces derniers 48 heures, notamment sur le long de la petite côte», soutient d’emblée Aliou Sarr, un habitant de Yarakh. Avant d’ajouter : « La furie des vagues n’a épargné aucune zone côtière depuis la presqu’île du Cap-Vert jusqu’à Mbour». A l’en croire, de la corniche Est à Bargny, en passant par Rufisque où Thiawlène, ces sites ont subi les aléas de la mer agitée. »A Grand Mbao et environs, une soixantaine de maisons ont été envahies par l’eau de la mer, de même qu’à Thiaroye sur Mer, Yarakh sans parler de Gorée où la liaison maritime (Dakar-Gorée) a été perturbée obligeant certains visiteurs à passer la nuit du dimanche à lundi sur l’île», note M. Sarr.
Celui qui est par ailleurs chef du village de Hann Bel-Air, de faire savoir que « l’avancée de la mer a provoqué l’effondrement de plus d’une trentaine de maisons à Bargny». Dans ce village situé dans le département de Rufisque, la montée de l’océan rappelle toujours des souvenirs douloureux comme la disparition de leur cimetière. De leurs côtés, les populations de Bargny ont payé un lourd tribut après la remontée des eaux de la mer provoquée par les fortes pluies du week-end dernier. « Plus de trente maisons se sont effondrées dans cette ville avec de lourdes conséquences. Les victimes dorment désormais à la belle étoile et demandent l’appui des autorités», soutient le préfet de Rufisque. « Avec le soutien de leurs notables et délégués de quartier, les populations sont sorties pour montrer leur désespoir et réclament auprès du président Macky Sall des maisons où les sinistrés seront recasés», dit-il.
Selon Yacine Dieng, représentante des femmes de Bargny Ndèye, « Ce drame se renouvelle toutes les années depuis 10 ans. Nous sommes exposés à ce problème de l’avancée de la mer. Aujourd’hui, les maisons se sont effondrées à cause des vagues qui ne cessent de s’abattre sur les bâtiments et le résultat est là comme vous le constatez.» Elle rajoute que « les familles sont sans toits, certaines sont même hébergées par des voisins, d’autres sont à la belle étoile».
De quoi faire réagir un agent de sécurité qui indique qu' »au moment où Bargny vie cette situation, Yarakh n’est pas épargné.» Fatou Diouf, membre d’une famille sinistrée explique son inquiétude. « Des foyers sont sans électricité suite à l’endommagement des installations électriques, des vivres emportées, tout un secteur d’activité bloqué», révèle-t-elle. « Cette situation désespérante dont l’impacte dépasse les dégâts matériels affecte l’hygiène et la santé des populations sinistrées» rajoute-t-elle. Khoudia Ndiaye, déclare à son tour qu’elle a tout perdu son lit, sa coiffeuse, ses assiettes, chaines à coup, boucles d’oreille, bracelets, sac à main ont été emportés par les eaux.
Boubacar Diop, chef de quartier de Hann Montagne 6 témoigne la volonté des forces de sécurité qui « malgré leur déception face à ce drame ne pouvaient rien contre l’envahissement de l’eau et l’effondrement des murs, mais sont restés la nuit à l’air libre avec les sinistrés jusqu’au lendemain. Selon toujours le chef de quartier de Hann, « les jeunes du village ont montré leur courage en remplissant des sacs avec du sable et les ont placé sur les bords des bâtiments en guise de défense contre les vagues, mais la houle a pris le dessus».
Ousmane Seck, pêcheur, affirme que « le phénomène ne s’est pas produit sur un seul endroit. « De Nguet-Ndar à Yarakh en passant par Mbour, Bargny, Mbao et Thiaroye, la situation des gens de la mer est catastrophique», peste-t-il. Non sans faire remarquer que « des maisons et des commerces sont dévastés, des embarcations détruites, des plages défigurées et inaccessibles, parce que jonchés de détritus». Selon Saliou Ndoye : « La détresse est partout de Hann à Nguet-Ndar, les pêcheurs crient leur désarroi».
« A Dakar plateau, sur la corniche Est, la route a été endommagée», précise un marchand ambulant. « Depuis avant-hier, aucun pêcheur n’est allé en mer. Les vagues déferlantes ont stoppé le marché de Soumbédioune. Si vous cherchez du poisson, vous risquez de ne pas en trouver», lance un jeune homme, tapis sous un étal à cause des rayons solaires. Il confirme encore que « les vagues venaient jusqu’à la rive. Seule la saleté n’a pu être emportée par les eaux».
Réagissant, Moussa Thiam, porte-parole des sinistrés de Hann-Montagne 6 clame qu' »en effet les sinistrés de Hann ont salué la réaction de l’Etat car, les familles victimes ont reçu chacune 20 sacs de riz plus 100.000FCfa.» Il insiste encore que « ce n’est pas la solution définitive surtout que le phénomène de l’érosion côtière peut revenir d’un moment à un autre».
Un vieux de Yarakh rencontré sur les lieux soutient: « Ce drame avait eu lieu en 1974, en 1984, en 1986, en 2010 et voilà qu’il se produit encore cette année. Donc, les populations du littoral demandent à ce que l’Etat leur trouve des habitations pour qu’elles se séparent définitivement de cette catastrophe naturelle qui revient chaque fois à cause des changements climatiques».
Selon un jeune homme de Hann Bel Air : « La construction du canal au niveau de la baie de Hann peut être à l’origine de ce phénomène parce que la mer n’a pu contenir les eaux de la pluie associées à celles du canal. Nous demandons à l’Etat qu’il renonce à ce projet et que le travail soit arrêté définitivement».