Nucléaire iranien: un dégel USA-Iran au détriment de l’Arabie saoudite
1 janvier 1970 by Logitrans0News
By Amadou L. Mbaye L’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire iranien, doublée d’un échange de prisonniers sans précédent entre Washington et Téhéran, scelle le rapprochement entre les Etats-Unis et l’Iran au détriment de l’Arabie saoudite, alliée historique de l’Amérique.
Washington se défend officiellement de tout projet de réconciliation avec la République islamique, encore moins d’un renversement de ses alliances au Moyen-Orient. Mais, relèvent des analystes, l’administration de Barack Obama caresse l’espoir de rétablir un » équilibre entre les rivaux du Golfe –Ryad et Téhéran– avec l’ambition de mettre fin aux guerres de la région, comme celle qui détruit la Syrie.
Echaudés par leur interventionnisme militaire au Moyen-Orient dans les années 1990 et 2000, les Etats-Unis ont donc fait le pari d’un dégel avec leur bête noire iranienne, 35 ans après la rupture de leurs relations diplomatiques, au risque de délaisser leur allié saoudien.
» La vision d’Obama pour le Golfe, c’est l’équilibre, résume Frederic Wehrey, de la fondation Carnegie. Et si Ryad et Téhéran » parvenaient au moins à s’entendre, cela faciliterait le retrait des Etats-Unis (du Moyen-Orient) vers l’Asie, explique le chercheur, en référence au » pivot américain vers l’Asie-Pacifique cher à M. Obama depuis 2009.
Mais, constate M. Wehrey, la dernière poussée de fièvre entre l’Arabie saoudite et l’Iran » a fait voler en éclats cette ambition d’équilibre.
Grandes rivales, la monarchie saoudienne sunnite et la République islamique iranienne chiite s’affrontent par conflits interposés en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen.
Leur animosité a dégénéré début janvier en affrontement ouvert: Ryad a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran à la suite d’attaques contre son ambassade par des Iraniens ulcérés de l’exécution par l’Arabie saoudite d’un dignitaire chiite saoudien. La diplomatie américaine, qui avait en coulisses averti Ryad des risques d’une telle exécution, s’est gardée publiquement de prendre parti et a simplement appelé à la conciliation.
Pour Karim Sadjadpour, spécialiste de l’Iran à Carnegie, cette neutralité affichée par les Etats-Unis pose problème.
– ‘Affinité avec les Perses’ –
» Ce qui distingue le président Obama des autres présidents depuis 1979, c’est que dans cette crise irano-saoudienne, les Etats-Unis ne s’alignent pas clairement du côté de l’Arabie saoudite. Dans le passé, ils avaient toujours été main dans la main. Cela met certainement en rage Ryad, explique l’analyste.
» Il y a dans le Golfe, décrypte-t-il, » cette perception qu’Obama a une affinité avec les Perses, avec la civilisation perse, et qu’il n’a pas la même avec les pays (arabes) du Golfe.
La richissime pétro-monarchie saoudienne, protégée par le parapluie militaire américain, a » une sorte de jalousie stratégique, une crainte fondamentale que les Etats-Unis penchent à nouveau vers l’Iran et rétablissent une forme d’équilibre régional, complète M. Wehrey.
Ce serait un retour à la » stratégie des deux piliers du président Richard Nixon dans les années 1970, qui s’appuyait à la fois sur Ryad et sur Téhéran pour assurer la sécurité dans le Golfe.
Mais cette doctrine prit fin avec la Révolution islamique iranienne de 1979, la prise d’otages de 444 jours à l’ambassade américaine et la rupture des relations diplomatiques en avril 1980.
Les Etats-Unis et l’Iran n’ont renoué qu’à la faveur des négociations sur le nucléaire, relancées à l’automne 2013, après 18 mois de tractations secrètes. Cela a abouti le 14 juillet dernier à l’accord de Vienne, entré en vigueur samedi et censé garantir que Téhéran n’ait pas la bombe atomique en échange d’une levée des sanctions.
Le texte est une consécration en matière de non-prolifération et marque aussi le succès du dialogue américano-iranien.
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